mardi, avril 11, 2006

Les professionnels de l’information


Le monde maritime est présent sous plusieurs formes dans la presse : article, informations pratiques, petite annonce, publicité. L’initiative de cette présence revient à deux catégories de personnes. Les professionnels de l’information d’abord, qu’ils appartiennent aux rédactions de journaux ou aux agences de presse. Les professionnels de la mer ensuite, qui utilisent la presse comme un moyen de communication. Ils convient donc d’étudier ces deux catégories qui ont l’initiative de la présence maritime dans la presse calvadosienne.

1. Les professionnels de l’information

Les journalistes : spécialistes ou profanes ?

Le métier de journaliste se construit lentement au cours du XIXème siècle. Au tournant du XXème siècle, l’identité de la profession est construite[1] et chacun a bien conscience d’exercer un métier particulier. Pourtant, au sein même de la profession, il y a une grande hétérogénéité dans les conditions de travail. La grande majorité des journalistes ne peuvent vivre de leur travail. Seuls les grands titres peuvent disposer d’une rédaction composée de professionnels. Dans tous les cas, aucun journaliste calvadosien n’est affecté à un seul sujet. Chacun doit maîtriser l’ensemble des sujets qu’ils soient politiques, économiques, sociaux ou encore historiques. Le domaine de l’information à caractère maritime est assez pointu. Il importe donc d’évaluer la connaissance du monde maritime par les journalistes calvadosiens. Aucune étude ne peut prétendre mesurer précisément un niveau de connaissance sur un sujet. Toutefois, il est possible d’apprécier le rapport des journalistes au monde maritime.

D’abord, ceux qui écrivent dans la presse vivent dans le département. Les correspondants locaux sont intégrés dans la vie locale, y compris dans la vie maritime. Ainsi, le Journal de Caen dispose de correspondants locaux à Honfleur ou encore à Port-en-Bessin. Les journalistes honfleurais sont majoritairement des enfants du pays et sont imprégnés de cette culture maritime. D’une manière générale, les journalistes qui vivent sur le littoral calvadosien côtoient les milieux maritimes. Qu’en est-il des journalistes de Vire ou de Lisieux qui sont bien éloignés de la mer ? A vrai dire, la question ne se pose pas vraiment. Lorsqu’il s’agit de traiter l’information maritime, les journaux des arrondissements de Vire, Lisieux et dans une moindre mesure Bayeux, ont un recours extrêmement fréquent à la revue de presse. Ils puisent alors des articles dans la presse caennaise, souvent la mieux informée, ou dans les journaux du littoral en cas d’événement maritime local. Ceux qui écrivent l’information maritime dans la presse sont donc le plus souvent en contact avec les milieux maritimes. Cette proximité avec le monde maritime implique certaines connaissances dans ce domaine.

Cependant, le traitement de certains sujets nécessite le recours à des spécialistes d’un aspect particulièrement pointu du monde maritime. On ne compte aucun de ces spécialistes parmi les journalistes calvadosiens. Les rédacteurs du département ont donc recours aux spécialistes des journaux parisiens. Ainsi, pour évoquer le réarmement naval de l’Allemagne en 1932, le Moniteur du Calvados et l’Echo honfleurais font appel à René LA BRUYERE (1875-1951). Amiral de France et membre de l’Académie de Marine, il est l’auteur de plusieurs romans et d’ouvrages historiques sur la Marine. Il a l’habitude d’écrire dans plusieurs journaux de Paris comme le Capital ou Le Journal des débats.

Nous pouvons donc constater que les articles à caractère maritime sont pour la plupart d’entre eux rédigés par des journalistes qui disposent de connaissances dans le domaine maritime puisqu’ils vivent au contact des populations maritimes. Si la rédaction du journal estime qu’elle ne dispose pas des connaissances suffisantes, elle a recours à la revue de presse.

Les professionnels de l’information ne sont pas seulement des journalistes. Les agences de presse comptent également parmi les initiateurs de la présence maritime.

Les agences de presse

Le rôle des agences de presse ne doit pas être négligé dans une étude de l’information maritime. Ce sont elles qui collectent l’information dans le monde entier. Les agences Havas et Reuters se vantent de couvrir le monde à elles deux. Il est en effet théoriquement possible d’avoir des informations sur toutes les mers et sur tous les océans du monde. Cependant, les temps de transmission de l’information ne sont suffisamment bas que pour la mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. L’information parvient dans le Calvados dans les 48 ou 72 heures. Pour le reste du monde, les délais sont plus élevés et donc l’information moins pertinente. La mondialisation de l’information par le biais des agences de presse a une conséquence positive sur la transmission des informations maritimes.

L’autre apport des agences de presse est, dans les années 30, la photographie. Les clichés Record font régulièrement la Une à partir de 1932. Le monde maritime est d’ailleurs fréquemment photographié. Le départ du Normandie en juin 1935 (cliché de droite) fait par exemple la Une de l’Echo honfleurais. Nous remarquons d’ailleurs que le photographe a voulu montrer l’engouement populaire plus que la splendeur du transatlantique. Nous distinguons au premier plan des militaires français. La photographie apparaît plus tardivement qu’ailleurs dans la presse calvadosienne. L’agence Record va mettre des images sur les mots des journalistes du département. Il faut noter que l’information locale fait également l’objet de clichés comme par exemple la « Fête de la mer de Honfleur », toujours en 1932.

Les agences de presse vont donc servir l’information maritime par leurs articles et leurs photographies du monde entier.

Si les professionnels de l’information sont les initiateurs évidents de la présence maritime dans la presse, ils ne sont pas les seuls. Il faut en effet évoquer la présence maritime provoquée par les populations maritimes.


[1] MARTIN (Marc), Médias et journalistes de la République, Paris, Odile Jacob, 1997.

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