mardi, avril 11, 2006

Variations saisonnières

Nous avons constaté que la présence maritime n’était pas homogène dans l’ensemble de la presse. On note de fortes différences en fonction du lieu et de la période de publication. Nous avons choisi de consacrer un chapitre à part entière à ces caractères particuliers pour deux raisons. D’abord, ces variations sont perceptibles sur le plan quantitatif et également sur le plan qualitatif. Ensuite, ces caractères particuliers sont liés à la diversité des initiateurs de la présence maritime. Nous allons donc concevoir les caractères particuliers de la présence maritime dans la presse sous deux dimensions : le temps et l’espace.


Evolution quantitative

L’information maritime est a priori soumise au caractère saisonnier de la vie maritime. En effet, une étude du nombre d’éléments à caractère maritime mois après mois révèle plusieurs temps dans l’année. De juin à novembre, la présence maritime est accrue. Alors qu’ l’on dénombre de 1,9 à 2,3 éléments maritimes par numéro de décembre à mai, on en compte de 2,5 à 3,1 de juin à novembre. Les éléments maritimes sont donc plus fréquents pendant la période été-automne. Les mois de juin et novembre sont d’ailleurs de moments forts de la présence maritime dans la presse. Pour comprendre cette évolution saisonnière, nous allons étudier l’évolution sur l’année de chacun des éléments ainsi que celle de chacun des thèmes.

La période de juin à novembre est incontestablement une période où la présence maritimes dans la presse s’accroît. Le nombre d’articles par numéro augmente de 50% pour atteindre 1,5 en moyenne. Il en va de même pour les quelques lignes maritimes dans un article général. Les informations pratiques sont diffusées dans tous les numéros alors qu’elles ne sont présentes que dans 80 % des numéros le restant de l’année. La publicité apparaît dans 15 à 20 % des numéros de juin à septembre.

Le caractère saisonnier de la présence maritime est nettement constaté et il est nécessaire d’expliquer cette évolution par l’étude des thèmes.

Evolution qualitative[1]

Le thème du transport de passagers est plus présent de mai à juillet puis dans une moindre mesure de septembre à octobre. Cela correspond tout à fait logiquement avec la présence quotidienne des informations pratiques. Le trafic passager s’accroît bien évidement en été compte tenu de l’afflux des touristes sur nos côtes. Les « voyages de plaisir » se multiplient. Les compagnies de transport créent des lignes estivales et augmentent l’amplitude journalière des horaires. L’autre sujet saisonnier est la pêche qui est traité de façon plus importante en avril puis de août à septembre. Cette période correspond aux périodes de départ et de retour des campagnes de pêche à la morue au large de Terre-neuve. D’une façon générale, la pêche se pratique sur une période qui s’étend approximativement de mars à novembre. Pour le transport de passager et la pêche, le lien entre le caractère saisonnier de la présence du thème et celui de l’activité en elle-même est évident. Il l’est beaucoup moins pour le thème des accidents en mer.

Les articles sur les naufrages et sauvetages sont plus nombreux à l’automne. Comment expliquer cette présence médiatique des naufrages à ces périodes ? On peut avancer deux hypothèses. La première est de considérer que les naufrages sont effectivement plus nombreux à ces périodes. Nous savons que le trafic maritime s’accroît. Par exemple, les navires qui participent aux campagnes de grande pêche retournent en Europe presque simultanément à l’automne. Nous savons également que l’automne est une saison instable au niveau météorologique et que les conditions de navigation sont mauvaises. La concomitance de ces deux phénomènes augmente les probabilités de naufrage. Une étude minutieuse des archives des quartiers maritimes nous permettrait de vérifier cette hypothèse probable. La seconde hypothèse est que le nombre accru de naufrages dans la presse est une conséquence de la focalisation de la presse sur le monde maritime à cette période. L’automne est en effet le temps du bilan pour bon nombre d’activités maritimes comme le tourisme ou la pêche. Les journaux s’intéressent d’avantage au monde maritime à cette période. Les naufrages sont donc plus remarqués par les journalistes et sont donc plus présents dans la presse. Ces deux hypothèses ne sont pas contradictoires et l’on peut dire que les naufrages sont probablement plus nombreux et assurément plus remarqués à l’automne.

La question navale ne semble pas soumise aux saisons puisque sa présence est stable toute l’année. Il est vrai qu’en ce domaine, le contexte politico-militaire a bien plus d’influence que les saisons.

Le caractère saisonnier de l’information maritime ne fait donc aucun doute. La forme et le fond de cette présence maritime sont déterminés par le caractère saisonnier des activités maritimes. Les activités non soumises aux saisons ne subissent aucune variation alors que les activités saisonnières varient systématiquement.

La présence maritime ne varie pas seulement dans le temps mais également selon les titres.


[1] Annexe C, III, 2, c : Présence des thèmes mois après mois (en valeurs absolues).

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